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Pourquoi Carbometrix ne compte pas vos emails

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Les émissions de carbone liées aux activités numériques sont notoirement difficiles à estimer, aussi, lorsque des chiffres réels sont publiés sur le sujet, il est très tentant de les prendre pour argent comptant. Au fil des ans, le même chiffre n’a cessé de faire la une des journaux : le simple fait d’envoyer un email moyen générerait 4 grammes de CO2, et jusqu’à 50 grammes pour un email très lourd1.

Cependant, après mûre réflexion, nous pensons que ce chiffre est devenu trompeur. Cette estimation a été faite il y a dix ans par Mike Berners-Lee dans son livre de 2010, How bad are bananas ? Le chiffre était véridique lorsqu’il a été publié pour la première fois, mais beaucoup de choses ont changé depuis en termes d’efficacité des réseaux et de mixité des appareils.

Qu’émet réellement un email ?

L’empreinte d’un email dépend de l’énergie dépensée à chaque étape du processus : l’appareil sur lequel l’email a été écrit, le réseau de données, le centre de données où il est stocké et l’appareil du destinataire pendant la lecture de l’email.

L’appareil de l’utilisateur est la première grande source de variation. Les téléphones sont généralement très efficaces et ne consomment donc pas beaucoup d’énergie (environ un watt par heure semble être une estimation raisonnable), alors que les ordinateurs portables en consomment beaucoup plus. La deuxième source de variation provient de la façon dont vous êtes connecté au réseau : pour envoyer la même quantité de données, les réseaux cellulaires peuvent consommer jusqu’à dix fois plus d’électricité que les réseaux câblés et Wi-Fi2.

En tenant compte de ces distinctions, voici nos estimations de l’empreinte carbone basées sur deux scénarios différents3.

Émissions liées à l'envoi d'un email (en gCO2e)

Email léger

Email lourd

De téléphone à téléphone

0,06

1,01

De téléphone à ordinateur

0,12

0,77

D'ordinateur à téléphone

0,12

1,41

D'ordinateur à ordinateur

0,17

1,17

En conclusion, vous devriez probablement attendre d’être chez vous avant d’envoyer une pièce jointe volumineuse par email, et éviter d’écrire de longs emails (votre destinataire ne les lira probablement pas de toute façon). En règle générale, l’envoi d’un courrier électronique entraîne l’émission de CO2 de deux façons: en écrivant un très long courrier électronique sur votre ordinateur portable ou de bureau, ou en essayant de charger ou de télécharger une pièce jointe lourde sur le réseau cellulaire. Le premier cas est déjà pris en compte dans votre consommation totale d’électricité ; et, selon votre forfait de données, le second n’est peut-être pas une si bonne idée de toute façon.

Cela étant, en supposant que vous écrivez et recevez 100 emails légers par jour sur votre ordinateur portable (et que vous les lisez tous), l’empreinte carbone de vos emails pour l’année sera d’environ 6,2 kg de CO2, ce qui représente 0,1 % des émissions d’une personne européenne moyenne4. Dans l’ensemble, vos emails ont un impact très faible sur le climat : il doit sûrement y avoir d’autres plans d’action à mettre en œuvre en priorité.

Alors que faire?

Tous les moyens sont bons pour prendre conscience de son empreinte carbone numérique, mais en ce qui concerne les emails, il est également important de garder les ordres de grandeur en tête. Acheter un smartphone tous les trois ans au lieu de deux peut vous aider à réduire votre empreinte carbone de 20 kg de CO2 par an5, ce qui équivaut à recevoir 1 095 e-mails légers par jour (en supposant que vous passiez aussi tout votre temps à les lire). Prendre le train au lieu de l’avion pour un voyage de 1 000 km permet d’éviter l’émission de 180 kg de CO2.

C’est pourquoi Carbometrix ne comptera pas vos emails dans le calcul de l’empreinte carbone de votre entreprise. Les émissions de CO2 qu’ils génèrent sont très faibles par rapport à toute activité productive ; et nous comptons déjà la plupart lorsque nous estimons la consommation d’électricité de vos bureaux.


1. Quelques articles sur le sujet: https://carbonliteracy.com/the-carbon-cost-of-an-email/https://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-7224849/Annual-emails-office-worker-creates-CO2-flying-London-Bruges.htmlhttps://nowthisnews.com/news/5-tips-that-make-your-inbox-work-for-you-and-for-the-planet )

2. Sénat français, Empreinte carbone du numérique en France, page 66. http://www.senat.fr/rap/r19-555/r19-5551.pdf 

3. Par “email léger”, nous entendons un email qui pèse 100 kB, qui a pris une minute à écrire et une minute à lire. De même, un « email lourd » est un email avec une pièce jointe qui pèse 2 Mo, qui a pris dix minutes pour être écrit et une minute pour être lu. Les téléphones sont supposés être connectés à un réseau cellulaire. Le facteur d’intensité de l’électricité utilisé est de 475 gCO2e/kWh, ce qui correspond à une estimation mondiale réalisée par l’AIE dans le cadre de l’étude « Global Energy & CO2 Status Report 2019 » (https://www.iea.org/reports/global-energy-co2-status-report-2019/emissions). Enfin, le calcul suppose que le courrier électronique sera stocké dans les centres de données du fournisseur de services d’email pendant dix ans, avec un facteur de réplication de 3.

4. Selon Eurostat, l’empreinte carbone de l’UE-27 était de 6,7 tonnes de CO2 par personne en 2019. Source: https://ec.europa.eu/eurostat/statistics-explained/index.php?title=Greenhouse_gas_emission_statistics_-_carbon_footprints 

5. Nous supposons que la production d’un nouveau smartphone génère environ 60 kg de CO2, sur la base du rapport de durabilité de l’iPhone 12 (https://www.apple.com/environment/pdf/products/iphone/iPhone_12_PER_Oct2020.pdf). Ce chiffre doit probablement être considéré comme une limite inférieure.

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