Les facteurs d’émissions permettent de déterminer la quantité de CO2 générée par une activité donnée. C’est grâce à ces coefficients que l’on peut estimer l’empreinte carbone d’une entreprise lorsque l’on réalise un bilan carbone.
Comment se calculent ces facteurs d’émissions ? Quelles données faut-il collecter et comment les traiter ? Quelles sont les bases de données qui répertorient ces différents coefficients ?
Cet article est là pour répondre à toutes vos questions sur les facteurs d’émissions de CO2.
Qu’est-ce qu’un facteur d’émission ?
Définition du facteur d’émission
Un facteur d’émission est un coefficient qui permet de convertir une donnée d’activité en émissions de CO2. Il correspond aux GES (gaz à effet de serre) émis en moyenne pour chaque activité donnée.
Les données d’activité, dites aussi données physiques, quantifient les différentes activités qui participent au fonctionnement de l’entreprise. Dans le cadre d’un bilan carbone incluant les 3 scopes (lien vers l’article), elles peuvent être de natures très diverses : consommation d’électricité, achat de service, tonnage transporté …
Le facteur d’émission permet de convertir ces données d’activité en émissions de gaz à effet de serre, et ainsi de comparer l’empreinte carbone respective de ces activités hétérogènes. Cette conversion permet ensuite d’identifier quels sont les plus importants postes d’émissions de la société.
Les facteurs d’émissions sont recensés dans des bases de données, publiques ou privées, comme celle de l’ADEME. Ils sont calculés à partir d’études qui prennent en compte l’ensemble du cycle de vie d’une activité, d’un bien ou service, pour établir son impact climatique. Le détail de ces bases est disponible plus bas dans cet article.
Exemple d’utilisation d’un facteur d’émission
Dans le cas de l’utilisation d’une voiture, on pourra calculer l’impact carbone de cette activité à partir du nombre de litres de gazole consommés, ou bien en fonction de la distance parcourue par l’automobile.
Pour connaître le facteur d’émission qui correspond au type d’essence utilisé par la voiture, on peut se rendre sur le site Internet de l’ADEME, où une rapide recherche donne le résultat ci-dessous :
(Source : site Internet de l’ADEME)
Si la voiture fonctionne avec du SP 95, elle rejette 2,79 kg/CO2 e/litre. Cela signifie que pour chaque litre consommé, elle rejette 2,79 kg d’équivalent CO2. Il ne reste plus qu’à multiplier cette donnée unitaire avec le nombre total de litres d’essence utilisés par l’automobile pour fonctionner.
Comment les facteurs d’émissions sont-ils calculés ?
Il y a deux étapes à suivre pour calculer un facteur d’émission :
analyser le cycle de vie d’un bien ou d’un service ;
convertir ces résultats en équivalent CO2
Analyse du cycle de vie
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une étude qui permet de mesurer l’impact d’un bien ou service sur l’environnement. Elle est très complète car elle n’intègre pas seulement l’empreinte carbone, mais aussi d’autres impacts sur l’environnement (biodiversité, consommation d’eau…).
Elle prend en compte toutes les étapes du cycle de vie d’un produit ou service :
la fabrication (extraction des matières premières, consommation d’énergie…) ;
le transport (toutes les étapes de transport des matériaux ou du produit final, durant la fabrication ou la distribution) ;
l’utilisation (par exemple, la consommation d’énergie nécessaire pour faire fonctionner le produit, comme l’électricité pour un aspirateur ou une voiture…) ;
sa fin de vie (collecte, recyclage ou élimination).
Répertorier ces différentes étapes permet de déduire l’ensemble des émissions produites à chaque phase du cycle de vie du produit ou du service, de sa conception à sa fin de vie.
Par ailleurs, cette analyse est complétée par une approche multicritère : on prend en compte à la fois les flux entrants et les flux sortants, c’est-à-dire tout ce qui entre et sort dans ce cycle de vie du produit et génère de la pollution (ressources en fer, eau, pétrole, gaz, mais aussi déchets, émissions gazeuses, liquide rejeté, etc.).
Les résultats sont ensuite consolidés en équivalent CO2 afin de convertir l’ensemble des gaz à effet de serre répertoriés avec un seul dénominateur.
L’équivalent CO2, comment ça marche ?
Le facteur d’émission permet de mettre sur le même plan les différents gaz à effet de serre qui émanent des biens ou services produits ou utilisés par l’entreprise. On parle alors d’équivalent CO2.
Le CO2, ou dioxyde de carbone, n’est pas l’unique source de réchauffement de l’atmosphère. D’autres gaz y participent, comme le méthane, le protoxyde d’azote, les hydrocarbures fluorés… En tout, le protocole de Kyoto de 1997 distingue 7 gaz à effet de serre (GES).
Toutefois, ces gaz n’ont pas tous le même impact. Pour décrire la puissance relative d’un gaz à effet de serre, on parle de potentiel de réchauffement global (PRG). On s’appuie sur la durée pendant laquelle chacun restera actif dans l’atmosphère pour déterminer leur PRG respectif.
Pour comparer ces différents gaz à effet de serre qui n’ont pas le même potentiel de réchauffement, on les convertit en « équivalent CO2 ». Le CO2 est ainsi considéré comme le gaz de référence. Les PRG sont déterminés par le GIEC et calculés sur 100 ans.
Exemple : Le CO2 a un PRG égal à 1 pour 100 ans, quand le méthane a un PRG à 30 et le protoxyde d’azote à 265 (selon le 5e rapport du GIEC). Le GIEC considère ainsi qu’une tonne de méthane a un pouvoir de réchauffement global 30 fois plus élevé qu’une tonne de CO2.
L’utilisation du CO2 équivalent comme indicateur permet de couvrir tous les secteurs de façon équitable. En effet, si le CO2 est le gaz le plus courant, puisqu’il représente environ 75% des émissions humaines de GES, certains secteurs, comme l’agriculture, sont très émissifs en méthane ou en protoxyde d’azote.
Grâce au CO2 équivalent, les GES sont comparables et cumulables, ce qui permet d’analyser plus facilement les données d’activité des entreprises.
Quelles sont les principales bases de facteurs d’émissions ?
Les facteurs d’émissions sont calculés et répertoriés dans des bases de données, qui peuvent être fournies par différents types d’organismes.
Les bases publiques généralistes
Ces bases sont souvent créées et alimentées par une autorité gouvernementale. Ces bases sont publiques et l’accès au détail des facteurs et à la documentation est gratuit. Elles sont généralistes, c’est-à-dire qu’elles couvrent tous types de secteurs.
En France, l’ADEME a mis à disposition des entreprises sa Base Carbone, riche de plus de 5 000 facteurs d’émissions, et continue de l’actualiser. Il existe des équivalents à l’étranger : le Greenhouse Gas Equivalencies calculator, proposé par l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis, ou bien la base réalisée par le Department for Environment, Food & Rural Affairs (DEFRA) au Royaume-Uni.
Les bases publiques spécifiques
Il existe aussi certaines bases publiques qui ne sont pas généralistes, mais spécifiques à un secteur d’activité. Ces bases sont plus précises que les bases généralistes et permettent une grille de lecture plus fine de l’impact des activités de l’entreprise.
Par exemple, l’INIES concerne uniquement le secteur de la construction : l’empreinte carbone de différents types de béton y sera répertoriée et analysée, tandis qu’une base généraliste n’en recensera qu’un seul. De la même façon, Agribalyse s’intéresse uniquement aux produits agricoles et alimentaires.
Ces bases sont souvent élaborées par les acteurs concernés, ou du moins avec leur participation. Par exemple, le GLEC, spécialisé dans le transport, a été initié par plus de 50 entreprises du secteur. Il recense tous types de marchandises et entre dans le détail de chaque activité selon la zone géographique, le tonnage, le type de cargaison, le type de camion ou de cargo utilisé…
Les bases commerciales
Ces bases se distinguent essentiellement des précédentes en ce qu’elles sont développées par des organismes privés et sont payantes.
Certaines de ces bases présentent des facteurs plus nombreux et plus détaillés que les bases publiques, avec une documentation également plus fournie. C’est par exemple le cas d’ecoinvent qui recense près de 15 000 facteurs.
Réaliser sa propre base
Il est également possible de calculer ses propres facteurs d’émissions, à partir du cycle de vie des biens et services utilisés ou produits par l’entreprise.
Calculer ses propres facteurs d’émissions peut être recommandé dans le cas de certaines activités spécifiques, comme les activités industrielles qui ne nécessitent l’achat que de quelques matières premières.
Réaliser sa propre base peut requérir l’accompagnement d’un expert pour se familiariser avec la collecte des données d’activité, leur traitement et le calcul des facteurs d’émissions. Mais cela permet d’établir un plan d’action très précis et adapté aux activités de l’entreprise.
Conclusion
S’appuyer sur les différentes bases de données qui existent permet d’utiliser les facteurs d’émissions les plus précis et les mieux adaptés aux activités de chaque entreprise pour établir son bilan carbone.
Carbometrix fait le choix d’intégrer des données issues de bases généralistes publiques et privées, mais aussi de bases spécialisées, pour affiner le calcul de l’empreinte carbone de votre société et vous proposer un plan d’action détaillé afin de diminuer vos émissions.
Vous souhaitez faire réaliser le bilan carbone de votre entreprise ? Contactez-nous aujourd’hui !