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Pourquoi une entreprise devrait calculer son empreinte carbone chaque année

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L'empreinte carbone : une nécessité pour les entreprises

53%. C'est la part des entreprises européennes qui investissent dans l'action en faveur du climat, soit 10 points de pourcentage de plus qu’en 2021. C’est en tous cas ce qu’écrit dans son rapport 2022-2023 la Banque Européenne d’Investissement. 

Les intentions sont louables mais les progrès restent à concrétiser. Seules 10% des 1850 entreprises interrogées par le BCG à travers le monde sont capables aujourd’hui de mesurer efficacement leurs émissions carbone en 2023. Un chiffre qui n’a pas évolué depuis 2022. 

Même en France, pays à l’avant garde des obligations de mesures d’impact environnemental, la situation n’est guère plus reluisante. Depuis 2010, la loi Grenelle II demande aux entreprises de plus de 500 salariés de publier le bilan de leurs émissions de Gaz à effet de serre (BEGES). Or, d’après la dernière étude de conformité de l’ADEME (2021), 57% des entreprises n'étaient pas à jour.

Il apparaît donc évident que les entreprises qui auront anticipé la nécessité de produire des données carbone fiables prendront de l'avance par rapport aux autres. Par ailleurs, toute entreprise aurait intérêt à réaliser son empreinte carbone annuellement. Et ce, au-delà même des obligations légales. Voici pourquoi. 


Pourquoi toutes ne la font pas 

Comprendre l’intérêt d’établir une empreinte carbone annuellement, permet de répondre à l’ensemble des objections qui peuvent se dresser à son évocation.

Voici un bref panorama des réticences à établir son empreinte carbone : 

  • Il n’existe pas de réelle contrainte à établir une empreinte carbone

  • Une empreinte carbone n’est pas une obligation légale

  •  Contrairement au bilan comptable, les variations annuelles d’un bilan carbone ne sont pas analysables 

  • Certaines entreprises peuvent se passer d’une empreinte carbone 

  • Une empreinte carbone actualisée n’a d’intérêt pour personne 

  • Établir une empreinte carbone est démoralisant, autant ne pas le faire

  • Une empreinte carbone, c’est trop fastidieux, et ce sont trop de ressources à mobiliser  


Il n’existe pas de réelle contrainte à établir une empreinte carbone : FAUX. 

Cette idée est très répandue mais pas moins fausse. En effet, un certain nombre d’entreprises sont légalement contraintes de dresser une empreinte carbone. Les pays adoptent tour à tour des législations dans ce sens. Ainsi, l’obligation de réaliser un bilan des émissions de gaz à effet de serre (bilan GES) a été créée en France par la loi Grenelle II en 2012. Le bilan doit être publié tous les quatre ans. Depuis 2016, il doit être mis en ligne sur le site de l’ADEME. 

Au Royaume Uni, le SECR (Streamlined Energy and Carbon Reporting) a été mis en place en 2019. Le gouvernement britannique oblige les grandes entreprises à rendre compte annuellement de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), ainsi que des mesures d'efficacité qu'elles ont prises tout au long de l'année. Près de 11 900 entreprises sont concernées. 

Jusqu’ici, les amendes en cas de non dépôt du bilan étaient relativement peu contraignantes, mais les choses changent.

En France, une loi d’octobre 2023 pénalise les entreprises récalcitrantes de 50 000 euros, voire de 100 000 euros en cas de récidive. Au Royaume-Uni, le comité de conduite du Financial Reporting Council (FRC) peut infliger des amendes civiles pouvant aller jusqu'à 50 000 livres en cas de non-respect du SECR. Il est très probable que ces sanctions soient de plus en plus lourdes avec le temps, et qu’elles s’étendent à un nombre croissant d’entreprises. A ne pas prendre à la légère donc. 

Une empreinte carbone n’est pas une obligation légale : FAUX 

En tous cas ce n’est pas la tendance observée. Ainsi, l’Union Européenne donne un coup d’accélérateur à ceux qui rechignent encore à réaliser leur empreinte carbone. La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), s’appliquera à partir de 2025 (sur la base des données collectées en 2024). Sont concernées dès aujourd’hui les grandes entreprises, et certaines PME cotées en bourse. 

La CSRD fixe des normes et obligations que les entreprises concernées doivent insérer chaque année dans un rapport extra-financier. Or, ce rapport comporte des normes : les ESRS (European Sustainability Reporting Standards). L’ESRS 1 est dédiée au climat. Or dans cet ESRS, parmi les informations que les entreprises vont devoir publier , il y a bien les émissions de gaz à effet de serre de l’entreprise sur l’ensemble des scopes 1, 2 et 3

En théorie, ce reporting n’est pas obligatoire. Dans les faits il l’est. C’est à l’entreprise de prouver que le sujet ne la concerne pas si elle fait le choix de ne pas reporter sur cette thématique. Or, quelle entreprise pourrait se prévaloir de n’émettre aucun gaz à effet de serre ? Se préparer dès maintenant pour la CSRD c’est anticiper une demande qui concernera un nombre croissant d’entreprises : plus de 50 000 entreprises seront couvertes par la CSRD, contre 11 700 sociétés auparavant concernées par la NFRD (Non financial reporting directive). A terme, on peut raisonnablement penser que la plupart des entreprises seront en fait concernées

Contrairement au bilan comptable, les variations annuelles d’un bilan carbone ne sont pas analysables : FAUX

Comme le bilan comptable, le bilan carbone répond à des standards de reporting. A l’échelle mondiale, il existe par exemple le GHG Protocol (plus d’informations ici). 

Par ailleurs, les calculs pourront différer en fonction des hypothèses choisies, de la granularité des données, du pays… 

Pour autant, une comparaison des émissions d’année en année est possible, pour peu que l’on trace les méthodologies utilisées, les facteurs d’émissions choisis et le scope exact des activités retenu.

L' empreinte carbone est donc bien un outil incontournable car il permet de faire un diagnostic, et surtout, d’identifier les dépendances d’une entreprise aux énergies fossiles, pour essayer de les réduire. Mais ce n’est qu’un point de départ. L’enjeu est bien ensuite de surveiller ses émissions. 

Une empreinte carbone est donc une condition nécessaire, mais pas suffisante. D’où l’intérêt de la reconduire annuellement. Ainsi, une entreprise pourra établir des comparaisons, constater les progrès, et  les comparer à une trajectoire alignée avec l’accord de Paris.

Certaines entreprises peuvent se passer d’une empreinte carbone : FAUX 

A quoi bon quantifier notre impact, puisque nous sommes une entreprise de services ? Notre impact n’est il pas négligeable étant donné que nous fournissons des prestations dématérialisées ?” Grâce à Internet, à l’économie de service, terminées les consommations matérielles, terminées les émissions de gaz à effet de serre...

Sauf que c’est un mythe. L’emploi tertiaire est au service de la production industrielle. Quand le premier augmente, le deuxième augmente aussi. Personne aujourd’hui ne s’affranchit de matière, pas même le numérique : terminaux, centres de données, infrastructures de réseaux, tout cela n'apparaît pas par magie. 

Heureusement, cet impact est pris en compte pour chaque entreprise dans le GHG Protocol . C’est le scope 3 qui mesure les émissions indirectes. Sont prises en compte les émissions en amont et en aval de la chaîne de valeur. Pour les entreprises de services, le scope 3 représente souvent entre 70 et 99% des émissions de gaz à effet de serre. Comprenons bien qu’il serait hypocrite pour une entreprise de se dédouaner du bilan de ses propres utilisateurs et fournisseurs. Ainsi, chaque acteur prend mieux conscience de son appartenance à un système où les éléments sont interreliés. Agir, c’est mieux intégrer cette dépendance systémique en avançant à plusieurs. 

Une empreinte carbone actualisée n’a d’intérêt pour personne : FAUX 

Non l’empreinte carbone n’est pas une inutile ligne de plus sur une épaisseur de paperasses interminables. C’est un outil très utile à plus d’un titre. En effet, il permet de faire prendre conscience d’un des plus grands défis de notre temps : la crise écologique et le changement climatique. Mieux comprendre son impact environnemental, c’est identifier les leviers d’une économie plus durable. Or, les entreprises y ont tout intérêt. 

Une étude exhaustive publiée dans le « Journal of Sustainable Finance and Investment » en décembre 2015 a examiné 2 200 études empiriques. Elle a conclu que l'intégration des facteurs RSE a eu un impact positif ou neutre sur les rendements financiers dans plus de 90% des cas. En détail, la rentabilité des capitaux propres était positive dans 63 % des cas et négative dans seulement 8 % d'entre eux. 

Au regard des bénéfices potentiels : peut-on vraiment faire l’impasse une année donnée sur de telles opportunités

Établir son empreinte carbone, c’est faire preuve de transparence, de sérieux et de bonne volonté. Et ce n’est pas négligeable pour beaucoup. Selon une étude de Cone Communication en 2016, 83% des Millennials préfèrent rester fidèles à une entreprise qui prend en compte les problématiques socio-environnementales

Ils ne sont pas les seuls : un sondage réalisé par BVA pour la Banque Européenne d’Investissement montre que le climat est la deuxième plus grande préoccupation des Européens. Faire comme si de rien était, business as usual, c’est s’inscrire en porte à faux d’un défi immense.

Des relevés carbone trop anciens ou espacés, témoigneront plutôt d’une empreinte carbone peu intégrée à la stratégie d’une entreprise. Dès lors, comment cette dernière pourrait être prise au sérieux ? 

Établir une empreinte carbone est démoralisant, autant ne pas le faire : FAUX

« Pourquoi faire une empreinte carbone ? La seule chose qu’on verra, c’est que mon entreprise ne fait rien pour décarboner… »

Un argument qu’on rencontre souvent. Mais qui n’est pas recevable et ce pour deux raisons : 

1 : mesurer son impact et faire preuve de transparence, quand bien même la trajectoire de décarbonation ne s’est pas enclenchée, c’est toujours mieux que de faire du greenwashing. Sans empreinte carbone, pas sûr qu’une entreprise puisse vraiment duper qui que ce soit avec des objectifs climatiques très ambitieux. 

2 : ce discours ne sert qu’à légitimer l’inaction. Or, il y a bel et bien une urgence écologique. Chacun doit prendre sa part pour éviter un scénario de réchauffement global qui dépasserait les 2 degrés

Une empreinte carbone, c’est trop fastidieux, et ce sont trop de ressources à mobiliser : FAUX 

Pour certains, l’empreinte carbone est comme une barrière infranchissable, tant s’accumulent les facteurs d’émissions et indicateurs complexes.  Et puis, par où commencer quand on n’en a jamais encore réalisé ? 

Pas de raison de paniquer. Pour les entreprises qui ont déjà mesuré leur empreinte carbone sur une année N, le faire sur l’année N+1 sera bien plus aisé. Attention : espacer l’actualisation des données, c’est prendre le risque de perdre en compétences. Réaliser l’empreinte carbone de votre entreprise deviendra de plus en plus difficile. 

Enfin, si votre entreprise part de zéro, pas de panique. Oui, dresser une empreinte carbone est une tâche complexe. Ce qui ne signifie pas nécessairement que ce soit une tâche compliquée

Chez Carbometrix nous vous avons simplifié la tâche grâce à une plateforme qui vous permet facilement d’importer vos données, exporter les hypothèses, et les facteurs d’émission utilisés. Le tout sur une durée de deux à huit semaines. Plus aucune excuse pour ne pas vous (re)lancer !

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